Les pollutions accidentelles  dans un bassin : quelles actions mener?

Des matières fécales tout comme des vomissures dans un bassin présentent des risques importants liés à la présence de germes pathogènes, qui peuvent être responsables d’affections digestives et/ou ORL.

 

C’est la raison pour laquelle il est obligatoire de chlorer les eaux des piscines, de vérifier en cours de journée la qualité désinfectante rémanente du chlore (DPD1 : chlore libre disponible en présence de stabilisant (au moins 2 mg/l) ou chlore actif en absence de stabilisant (calculé selon pH : autour de 1 mg/l))

Ces valeurs permettent au chlore de correctement désinfecter l’eau, c'est-à-dire d’agir sur les germes indésirables avant qu’ils ne puissent se multiplier et/ou infecter les nageurs.

 

La norme qualité 15-288 impose aux équipements une procédure-type rédigée et connue par tous les intervenants en cas de pollution : un exercice régulier permet de s’en assurer, par exemple lors de la prise de poste d’un nouvel arrivant dans l’équipe. Cette procédure est une obligation pour tout bassin à usage collectif à compter du 1 janvier 2022.

Décret du 26 mai 2021 :

« IV. – La personne responsable de la piscine définit une procédure interne de gestion des situations de nonrespect des limites de qualité, de non-satisfaction des références de qualité et de gestion des situations exceptionnelles, notamment la présence de matières fécales ou de vomissures dans un bassin. Ces procédures sont tenues à la disposition des agents chargés du contrôle sanitaire mentionné à l’article L. 1332-8, sur le lieu de l’établissement. »

 

Comment procéder :

1- En premier lieu le bassin pollué doit être évacué.

Les nageurs restent sur les plages à l’écart, ou si possible dans un autre bassin, à condition que les hydraulicités soient bien différentes.

 

2- Ensuite des mesures spécifiques doivent être entreprises, qui tiendront compte de plusieurs paramètres :    type de bassin, nature de la pollution, nombre et qualification des personnes intervenant…

 

Pendant le temps d’évacuation, une autre personne apporte :

  • La trousse d’analyse
  • Une épuisette, un balai-aspirateur ou un robot selon les matières à évacuer.

3- Quand les baigneurs sont sortis de l’eau :

 

•   si l’incident s’est produit dans une pataugeoire ou un spa :

* Vidanger

* Nettoyer et brosser des parois et du fond à l’aide d’un dégraissant-détartrant (produit type ‘lignes d’eau’)

* Rinçer et remplir.

 

•   si l’incident s’est produit dans un bassin de plus grand volume d’eau  :

* On procède à l’arrêt immédiat de la filtration afin d'éviter une contamination de toute l’installation de traitement des eaux. Les boutons d’urgence d’arrêt des pompes peuvent être utilisés s’il n’y a pas de risque de désamorçage des pompes.

* Un opérateur  ramasse le plus vite possible le plus de matières possibles, à l’épuisette si c’est encore faisable, sinon à l’aide d’un balai ou robot. Attention à envoyer les eaux aspirées à l’égout, pas en recirculation !

* Faire effectuer en simultané une analyse de la teneur en chlore libre (DPD1)

* La suite des opérations dépend de cette valeur !

Si la teneur est faible = moins de 0.9 mg/l chlore actif ou moins de 3 mg/l chlore stabilisé :

* Une fois le bassin nettoyé,

* Remettre la pompe en marche,

si les pompes n’ont pas pu être arrêtées, procéder à un nettoyage du filtre, du préfiltre, des skimmers ou goulottes, si possible du bac tampon,

* Surchlorer les eaux entre 3 et 4 fois la valeur maximale ,

soit environ 5 mg/l en chlore actif ou 15 mg/l en chlore libre stabilisé.

* Et laisser agir un cycle de recirculation :

1h30 pour un bassin de moins de 1,50 m de profondeur, 4h pour une profondeur de plus de 1,50 m.

* A l’issue du temps de contact, refaire une analyse, et permettre l’accès du bassin aux baigneurs.

Une teneur en chlore résiduel élevé (dans une certaine limite) n’est pas une contre-indication pour le retour des baigneurs (Voir tableau ‘interprétation des normes’). Le cas échéant effectuer un apport d'eau neuve.

 

Si la teneur en chlore est suffisante ou élevée : au moins 1 mg/l chlore actif ou plus de 3 mg/l chlore stabilisé :

* Une fois le bassin nettoyé,

* Remettre la pompe en marche,

si les pompes n’ont pas pu être arrêtées, procéder à un nettoyage du filtre, du préfiltre, des skimmers ou goulottes, si possible du bac tampon,

* Puis augmenter la teneur en chlore dans le bassin à 2 fois la norme : 

soit environ 2 mg/l en chlore actif ou 6 mg/l en chlore libre stabilisé.

* Procéder à une nouvelle analyse (pour valider la légère surchloration),

puis si tout est ok  permettre la baignade.

 

Il n’est pas indispensable de fermer le bassin à la baignade ensuite.

Laisser cette consigne pendant un cycle de filtration, puis redescendre à la normale.

 

L’ensemble de ces mesures peut être adapté selon l’interprétation des seuils et des capacités désinfectantes de l’eau du bassin, ainsi que de la consistance de la pollution : plus la matière est liquide ou restée longtemps dans le bassin, plus la surchloration et l’apport d’eau éventuel  doivent être importants. 

 

Un prélèvement bactériologique n’est pas obligatoire à la réouverture, mais peut confirmer le retour à la normale : il est recommandé en cas de souillures répétées.

 

Les outils (épuisette, balai, robot, etc) doivent être nettoyés soigneusement et arrosés avec une eau surchlorée (au moins 10 mg/l); laisser agir une quizaine de minutes puis rincer pour une utilisation ultérieure.

 

L’ensemble des mesures sera précisément consigné dans le carnet sanitaire.

 

La procédure rédigée figure au Plan de Maîtrise Sanitaire  et les dates d'exercice seront notées sur une fiche de traçabilité. (Process qualité)

L'article paru dans Spécial Pros
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dernière mise à jour 01-04-2023 © Cabinet Bignoneau