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Club technique : les nouveaux complexes aquatiques

 

 

 

 

Les centres aquatiques diversifient leur offre

Par E. Lesquel

Publié le 11/05/2009
Mis à jour le 13/12/2010

Les nouveaux complexes aquatiques jouent la carte de la modularité et de l'innovation. Objectif : conjuguer attractivité et qualité environnementale.

Avec ses images projetées aussi bien en devanture qu’au niveau du toboggan, le complexe aquatique de Chartres (Eure-et-Loir) présentera un véritable aspect futuriste. Ses nombreuses activités et ses innovations techniques sont-elles pour autant représentatives des nouvelles réalisations ? Une chose est certaine, les plus récentes s’efforcent d’attirer un public élargi : des familles aux sportifs, en passant par les bébés nageurs, les adeptes de la gymnastique aquatique ou les membres de clubs de plongée…

Intérieur-extérieur. Ainsi, les équipements sportifs et ludiques sont couplés à une offre qui ne cesse de s’enrichir (nage à contre-courant, vagues, jeux pour enfant, etc.). La balnéothérapie fait une timide apparition. Contrairement à nos voisins européens, le « Wellness » et les spas haut de gamme restent peu nombreux, en France, dans les piscines municipales, observe Thierry Boeglin, président de l’association La Piscine de demain.

Pour bénéficier d’un grand nombre d’activités dans un même lieu, les maîtres d’ouvrage misent sur la modularité. L’option mur mobile a ainsi été retenue pour diviser les piscines olympiques de Chartres et de Tourcoing (Nord), tandis qu’un plancher mobile a été installé à l’espace nautique de Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne).
A Décines (Rhône), le toit de la piscine s’ouvre, transformant des bassins intérieurs en bassins extérieurs.

La multiplication des activités et la modularité des lieux impliquent cependant une organisation soignée, notamment du flux des visiteurs avec la possibilité de circuits différents pour les scolaires, les adultes, etc. Thierry Boeglin met en garde les maîtres d’ouvrage contre la surenchère qu’il constate parfois : Il faut bien sélectionner les activités et ne pas surdimensionner le projet par rapport à la population.

Accessibilité. Des efforts sont également réalisés en matière d’accessibilité. A Moulins (Allier), outre un accès via des ascenseurs pour les personnes à mobilité réduite, un balisage des obstacles est prévu pour les malvoyants. Un carrelage au sol de texture différente indique des informations. Des plaques en braille signalent le type de porte et un système précurseur de bornes auditives permet de se diriger dans l’ensemble du site, soulignait Sébastien Chamfroy, directeur des équipements sportifs à la communauté d’agglomération de Moulins, lors du salon Aqualie, organisé à Lyon en novembre 2008.

Le confort olfactif et visuel ainsi que le niveau d’hygiène, critères essentiels de l’attractivité des piscines, ont été considérablement améliorés. Le choix d’une démarche haute qualité environnementale (HQE), que de nombreux nouveaux ouvrages appliquent, favorise cette avancée.
En effet, outre les aspects environnementaux, celle-ci s’attache au confort d’usage. Le référentiel spécifique piscines et centres aquatiques HQE devrait être disponible en 2010. Le travail s’avère beaucoup plus complexe [eau, atmosphère, bruit, etc.] que pour les salles multisports qui auront leur référentiel dès cette année, précise Denis Roux, chef du bureau des équipements sportifs au ministère des Sports.

La traque aux chloramines, qui rendent l’air irrespirable et dégradent les conditions de travail du personnel, est devenue une priorité. La désinfection à l’ozone est fréquemment adoptée, comme c’est le cas à Quiberon (Morbihan), à Herlies (Nord) ou à Chartres.
En revanche, le PHMB, qui permet de supprimer totalement le chlore, se développe timidement ; le procédé a été retenu récemment à Lannion (Côtes-d’Armor). Cependant, un traitement au chlore classique bien dimensionné, bien géré et couplé à des mesures d’hygiène et à un traitement de l’air efficace donne de très bons résultats, souligne Monique Bignoneau, consultante indépendante et formatrice spécialisée en piscines (
lire l’avis d’expert).

Qualité de l’air. Le traitement et le renouvellement de l’air font l’objet d’une approche particulièrement soignée dans les récents complexes. A Mourenx (Pyrénées-Atlantiques), un système unique de caissons cycloniques, brassant au total 50 000 m3 / h d’air, absorbe 65 % des chloramines via des grilles cachées sous les sièges de la plage, directement à hauteur d’eau. L’air est alors lavé et asséché par centrifugation, puis réinjecté dans le hall de la piscine.
Entre 35 et 50 % des chloramines sont ainsi piégés. De plus, l’équipement présente l’avantage d’être moins énergivore qu’un système classique de renouvellement de l’air. Ainsi, le surcoût de 120 000 euros HT sera amorti en cinq ans, fait remarquer Pascal Alibert, chef de projet du bureau d’études Ginger BEFS qui a travaillé sur le bâtiment.

Souci d’économie. Autre point fort des réalisations actuelles : leur objectif de sobriété. Energie, eau, tout est optimisé pour plus d’économie. Les calories de l’air renouvelé sont récupérées, les installations sont couplées entre elles pour réutiliser l’énergie, les eaux pluviales et / ou des bassins sont réutilisées…
Parallèlement, les énergies renouvelables sont de plus en plus sollicitées. A Moulins, il s’agit de la géothermie, à Saint-Médard-en-Jalles (Gironde), le bois, à Quiberon, le solaire, à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), le biogaz.

Une autre nouveauté séduit énormément : les bassins en inox. Chartres, Quiberon, Herlies ou Bellerive-sur-Allier (Allier) ont notamment opté pour cette solution. Le nombre de ces bassins ne cesse de croître, les maîtres d’ouvrage appréciant la rapidité de sa mise en œuvre, sa fiabilité en termes de fuites et son aspect hygiénique.
Dans les bassins traditionnels, les joints de carrelage et la porosité des matériaux multiplient les risques de prolifération bactérienne ; l’inox, lui, les limite. Il peut arriver que les coûts à l’achat soient légèrement supérieurs, mais, si l’on considère la durée de vie de l’installation, le retour sur investissement est avantageux, soulignait lors du salon Aqualie, Corinne Le Caignec, de la division building et construction support d’Arcelor.

Sécurité. L’inox présente de nombreux avantages, mais attention à l’éclairage. Si ce dernier n’est pas adapté, cela peut poser des problèmes de sécurité [bassin plus sombre, réverbération possible, etc.], met en garde Thierry Boeglin. Un spécialiste pour lequel l’un des futurs enjeux majeurs des piscines sera justement la sécurité, avec l’application des nouvelles normes européennes publiées fin 2008 et dont le guide d’application devrait paraître sous peu.

Avis d’expert

« Un personnel stratégique »

Monique Bignoneau, consultante et formatrice, spécialisée dans les piscines

Avec des établissements de plus en plus polyvalents s’accroît le besoin de formation du personnel. Les techniciens doivent être capables de gérer les nouveaux outils. Bien que rarement mis en avant, c’est un personnel stratégique. De leur compétence et professionna­li­sation découle le bon fonctionnement des équipements et donc leur pérennité et leur rentabilité.
De même, les responsables d’établissement, souvent issus de la filière sportive, doivent acquérir de nombreuses compétences techniques : des connaissances en architecture pour maîtriser les problèmes structurels du bâtiment ; en chimie, pour pouvoir déchiffrer les analyses d’air et d’eau et examiner les situations spécifiques ; en nettoyage et contrôle, pour assurer une hygiène optimale ; ou encore en maintenance, pour le suivi des appareils.



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dernière mise à jour 01-12-2024 © Cabinet Bignoneau